C’est quoi une pellicule noir et blanc ?

1/ Tout d’abord, nous allons voir ce qu’est une pellicule photo :
Également appelée film photographique, c’est un support souple recouvert d’une émulsion chimique photosensible (sensible à la lumière) permettant ‘l’enregistrement d’images’. Nous nous cantonnerons ici à parler du film négatif et non du film positif dit aussi inversible ou diapos.
Lorsque le photographe prend une photo, l’obturateur de l’appareil photo s’ouvre, laisse rentrer la lumière et expose le film (la pellicule, l’émulsion). Il se forme alors une image dite ‘latente’ qui ne se voit pas (invisible). Il faut développer (procédé chimique avec plusieurs étapes) cette pellicule pour obtenir transformer les images latentes en images visibles. Les zones de la pellicule qui ont été exposées à la lumière deviennent noires, tandis que les zones qui n’ont pas été exposées restent transparentes (pour un film négatif). Ces images devenues visibles après développement seront donc en négatif (images en couleurs inversées). Il faudra une série d’étapes secondaires pour obtenir un tirage dit ‘positif’. Nous verrons cela dans d’autres épisodes.
Une fois développé ce film ‘négatif’ a besoin d’être fixé par un bain de stabilisation (stabilisant) par élimination des cristaux d’halogénure d’argent non exposés, rendant ainsi l’image permanente et insensible à la lumière.

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Une pellicule noir et blanc sert donc à capturer des images en monochrome, c’est-à-dire uniquement en nuances de gris(+ noir et blanc), sans couleurs*.

* le noir et blanc sont considérés comme des couleurs, mais il fallait bien distinguer les choses.

2/ Voyons la composition d’un film noir et blanc :

1 – Couche antihalo
Qui empêche la formation de halos lumineux (réflexions de lumières).

2 – Support
Constitué (en général) d’une base en plastique, telle que le triacétate de cellulose (fabriqué par traitement de la cellulose par l’acide acétique) ou le polyester, sur laquelle est appliquée une émulsion photosensible.

3 – L’ émulsion photosensible
Composée de cristaux d’halogénure d’argent dispersés dans une gélatine. Ces cristaux sont sensibles à la lumière et réagissent lorsqu’ils sont exposés à celle-ci. Leur configuration (taille et forme) détermine les caractéristiques du film comme la sensibilité (Iso) et la définition. Plus les aggloméras de cristaux sont importants, plus le film est sensible à la lumière, mais également plus la photo aura du grain et moins il sera définit.

4 – Couche anti-abrasive
Qui permet de protéger l’émulsion des rayures (frottements appareil photo, développeuse, tireuse, manipulations manuelles)

Visuel : © https://collections.cinematheque.qc.ca

3/ Il existe plusieurs formats de pellicules argentiques en noir et blanc

• Le 135 ou 35 mm : le format le plus courant, utilisé dans les appareils photo reflex et compacts. Dans un film 135 voici les formats d’images qui sont le plus couramment réalisés (en mm) : 24×36 / 24×18 (semi-format) / 24×65 (format panoramique)
• Le 120 (et 220) : le format des appareils moyens formats (meilleure résolution). Dans un film 120 (220) voici les formats d’images qui sont le plus couramment réalisés (en mm) : 6 × 4,5 (56 × 41 mm) / 6 × 6 (56 × 56 mm) / 6 × 7 (56 × 70 mm) / 6 × 9 (56 × 84 mm)
• Les plan-films : ils ne sont pas classés comme pellicules qui sont en rouleaux, mais je voulais quand même vous en parler. Ils existent en différentes dimensions, qui vont du 4 × 5  » (10,16 x 12,7 cm) au format 8 × 10  » (20 x 25 cm) ou plus. C’est un film souple, sensiblement plus épais et rigide que le film en rouleaux. Son épaisseur, chez Kodak par exemple, est de 0,18 mm. Ils sont insérés dans des chambres photographiques de moyen ou grand format.

4/ Il existe deux types de films noir et blanc

• Les films orthochromatiques : sensibles à la lumière bleue et verte, mais insensible à la lumière rouge. Utilisé principalement pour des effets spécifiques ou historiques.
• Les films panchromatiques : sensible à toutes les couleurs visibles, ce qui permet une reproduction plus naturelle des tons de gris.

5 / Faire le choix d’une pellicule photo noir et blanc

Une fois que vous avez choisi le type de film que vous souhaitez (orthochromatique ou panchromatique), vous allez devoir faire le choix d’une sensibilité (Iso) : de 25 Iso à 3200 Iso. Plus les Iso de votre pellicule sont élevés, plus elle est sensible à la lumière et plus vous pouvez prendre vos photos dans des lieux sombres et très peu éclairés. Attention, contrairement au numérique, vous ne pouvez pas changer de sensibilité en cours de prise de vues. Un film exposé à 100 Iso par exemple, devra être exposé à 100 Iso sur toutes ses photos. On peut pousser un film négatif noir et blanc, l’exposer par exemple à 200 Iso quand sa sensibilité est de 100, ou le retenir en l’exposant à 50 Iso. Mais cette action devra se faire sur l’ensemble du film. Si vous poussez ou retenez un film, il est IMPERATIF d’en tenir compte au développement (nous verrons cela dans un autre article).

Après vous allez devoir choisir une marque et un modèle dans la marque. Utiliser une Ilford n’a pas les mêmes rendus qu’une Kodak, et une Kodak T-MAX n’a pas les mêmes rendus qu’une TRI-X !
Ci-dessous quelques notions, mais sachez que toutes ces bases de rendus tonales peuvent être perturbées, modifiées par un développement trop agité (ou pas assez), une température ou dilution non respectée, etc. 

Il est nécessaire de réellement faire vos propres tests.

Kodak

• Tri-X 400 :
  • Caractéristiques : Grain relativement prononcé, haute sensibilité (ISO 400), bon pour les conditions de faible luminosité et les photos d’action.
  • Rendu : Contraste élevé avec des noirs profonds.
• T-Max 100 / 400 :
  • Caractéristiques : Grain fin (surtout le T-Max 100), haute résolution, versions disponibles en ISO 100 et 400.
  • Rendu : Tonalités douces et large gamme dynamique.

Ilford

• HP5 Plus :
  • Caractéristiques : Sensibilité ISO 400, grain fin, grande latitude d’exposition.
  • Rendu : Contraste modéré, très polyvalent pour diverses conditions de prise de vue.
• Delta 100 / 400 / 3200 :
  • Caractéristiques : Delta 100 a un grain extrêmement fin, Delta 400 offre un bon compromis entre sensibilité et finesse du grain, Delta 3200 est excellent pour les très faibles luminosités.
  • Rendu : Large gamme de tonalités, Delta 3200 a un grain plus prononcé.
• FP4 Plus :
  • Caractéristiques : ISO 125, grain fin, bonne résolution.
  • Rendu : Tonalités riches et douces, excellent pour les paysages et les portraits.

Fujifilm

• Neopan 100 Acros II :
  • Caractéristiques : ISO 100, grain ultra-fin, excellente netteté.
  • Rendu : Tonalités très lisses, grande gamme dynamique, idéal pour les paysages et les travaux de studio.

Foma

• Fomapan 100 / 200 / 400 :
  • Caractéristiques : Gamme de sensibilités ISO 100, 200 et 400, grain variable selon la sensibilité.
  • Rendu : Aspect classique avec des contrastes modérés, bon pour les budgets serrés.

Kentmere (par Ilford)

• Kentmere 100 / 400 :
  • Caractéristiques : Films économiques, ISO 100 et 400, grain moyen.
  • Rendu : Bon compromis entre qualité et prix, contrastes modérés.

6 / Le coût des films

À l’heure où j’écris cet article, la production de pellicules avaient été pratiquement arrêtée et il reste peu grandes manufactures. Les pellicules sont rares et comme tout ce que est rare est cher ! Bien entendu, il ne faut pas négliger aussi certains fabricants qui profitent de ce retour pour pratiquer des prix honteux. C’est le même problème avec le phénomène en musique des vinyles…
L’argentique reprenant vie, les unités de reproduction reprennent vie également, des sociétés investissent dans la recherche, nous devrions donc retrouver d’ici quelques années une véritable offre diversifiée. Je n’ose pas dire de chute de prix car en regard du marché des vinyles, le nombre n’a pas engendré une baisses des prix, bien au contraire une spéculation !

Prochain épisode du blog : développement du film argentique…

Yann MATHIAS