L’expérience du Leica Q3 43 mm

J’ai eu la chance de pouvoir tester le Leica Q3 ’43’ quelques jours avant sa sortie officielle.
Merci à Emmanuel du Leica Store Beaumarchais Paris de m’avoir fait cet honneur et cette confiance.

Rappels :
Le Leica Q (type 116) est sorti en juin 2015, si l’on se remet dans le contexte de l’époque son annonce est une véritable surprise pour tous les médias. Leica proposait un compact 24×36, autofocus avec une optique Summilux (f/1,7) 28 mm + position macrophotographie. Une révolution pour la marque qui jusqu’à lors avait collaboré avec Panasonic pour des compacts de petits capteurs et qui restait fidèle à son légendaire M. Bien entendu il y avait la série S et SL, mais assez loin de l’esprit M. Tandis que là, le Q ressemblait fortement à un M avec optique fixe (non interchangeable). C’est d’ailleurs dans cet esprit que je suis arrivé à ce premier achat (remplacer mon feu M6 et son 35 mm) par un appareil de la marque avec autofocus. Puis il y a eu la sortie de plusieurs versions comme des séries spéciales et même un Q-P, puis le Q2 et enfin du Q3 en mai 2023. Les différentes évolutions ont toutes gardé la très belle et qualitative optique Summilux (f/1,7) 28 mm. Mais en septembre 2024, coup de tonnerre, le Q3 débarque avec un objectif de 43 mm !

Le Leica Q3 ’43’ en détails :
Ce compact Leica est en tous points identique au Q3 28mm. À part l’optique, rien n’a changé, le même châssis, le même capteur (60 Mpx) et les mêmes menus (sauf la partie où nous pouvons sélectionner le zoom numérique). Je laisse ceux qui ne connaissent pas le Q3 aller voir mes nombreuses vidéos de présentation et lire mes articles sur ce blog (lien).

Ce Leica Q3 ’43’ est équipé d’une optique 43 mm Summicron ouvrant à f/2 (comme tous les Summicron chez Leica). Cette dernière est APO, c’est-à-dire Apochromatique, donc corrigée contre les aberrations chromatiques (franges de couleurs) et asphérique (meilleure définition et moins de déformation sur les bords et les coins). Comme l’optique du Q3 28 mm , on retrouve une position Macro, qui est une position proxyphoto, position dès plus intéressante car elle ramène la distance de mise au point à 27 cm, quand l’optique, elle, en position ‘traditionnelle’ est limitée à 60 cm. Le Q3 ’43 mm’ a donc une mise au point minimum de 27 cm ! ce qui est TRÈS appréciable et TRÈS confortable pour cette focale.

Pourquoi 43 mm ? la dimension de la diagonale du capteur 24×36 (suivant le carré de l’hypoténuse) est de 43,26 mm. Donc en créant une focale de 43 mm, Leica est au plus près de la focale standard de cet appareil photo. Les avantages d’utiliser une focale standard à son format sont nombreux : des optiques très souvent de très bonnes qualités de part leur simplicité optique (de bons résultats même jusque dans les coins), des optiques très courtes, peu encombrantes et pouvant permettre de grandes ouvertures et surtout à la sensation de perspectives très naturelles et très contrôlées quand on est proche de son sujet. Pas d’effet de grossissement et pas de déformations excessives (phénomènes de perspectives).

L’objectif accueille toujours le superbe obturateur mécanique ‘centrale’ jusqu’au 1/2000 et le diaphragme. Ce dernier comporte 9 lamelles. Le capteur étant le même que sur le Q3, 60 Mpx, il est possible de recadrer (zoom numérique). Les cadres choisis par Leica sont 43, 60, 75, 90, 120 et 150 avec respectivement (en regardant les Exifs) 60 / 30 / 20 / 14 / 7,7 et 5,5 mpx. Avec un petit passage par l’iA dans Lightroom (une interpolation), le 150 mm, même à 5,5 Mpx permet un bel agrandissement A3. C’est donc très suffisant pour la majorité des personnes qui regardent leur photos sur ordinateur, font quelques tirages pour albums, réalisent des livres photos et se font plaisir de temps en temps avec un agrandissement.
Bien entendu cela reste du zoom numérique et il n’y a pas de différence de profondeur de champ à toutes ces équivalences de focales, c’est-à-dire entre 43 mm et 150 mm (pour prendre les deux extrêmes).

Les tests : une optique très impressionnante.
Tout d’abord, à l’heure où j’écris cet article, il n’y a pas le profil de cette optique dans DxO, donc impossible de voir ce qu’elle donne sans corrections et même de voir ses courbes. Mais, mes tests sur mire son sans appels, même à f/2 cette optique est de très bonne qualité sur les bords et dans les coins.

On voit apparaître la diffraction de façon très très légère à f/11. Elle est plus présente à f/16 mais cela reste d’un très bon niveau.

Le vignettage est assez présent jusqu’à 2,8, à 4 très maîtrisé et au-delà il n’est plus visible sur mes tests.
Le bokeh est très doux et très agréable, les sphères de bokeh sont très belles. A f/2 ce sont de véritables cercles, au-delà on obtient la belle forme du diaphragme en 9 lamelles. 

Les aberrations chromatiques ‘recherchées’ en contre-jour violent sont corrigées en jpeg jusqu’à f/2,5 et non corrigées sur les DNG jusqu’à f/3,5. Rien de très méchant surtout qu’elles peuvent être corrigées sans soucis en post-production.

Comme le Q3 28 mm permet de recadrer numériquement l’image à 50 mm, je me suis amusé à comparer les profondeurs de champ avec Q3 43 mm entre zoom numérique et zoom optique.
Bien entendu, le flou, bokeh du 43 mm est plus doux, plus crémeux que le 28 mm, mais on se rend compte que le 28 est quand même d’un très bon niveau.

Le Q3 43 mm pour qui ?

Tout d’abord, pour tous ceux qui aiment le 50 mm, et honnêtement j’en connais beaucoup qui n’étaient pas passés à la série Q ‘à cause’ de son 28 mm. Maintenant c’est chose rétabli…

Pour tous ceux qui aiment le portrait à partir du 50 mm (attention je ne dis pas que l’on ne peut pas faire des portraits au 28mm), ceux qui aiment les flous d’arrière plan un peu plus marqués, c’est à dire plus flous (ou d’avant plan).

Pour les paysagistes qui aiment que leurs bords et coins soient à la hauteur du piqué central. Ceux qui veulent reproduire des photos, des oeuvres, réaliser des panoramiques…

Le 43 mm au quotidien, en voyage, dans la rue est vraiment un style bien particulier, le ‘cadre’ est très important dans le sens où l’on sait que l’on coupera une partie non négligeable de la scène (contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre par rapport à la vision humaine qui est en fait très large et variable).

Autant il est facile de donner son impression et ses conseils sur un appareil, autant sur une focale, c’est très dur car, c’est toute une sémiologie, un univers, un regard, un acte photographique. Je reconnais que si je n’avais eu que mon Q3 28 lors de mes tests au Sunset Sunside (petite salle de Jazz à Paris) comme vous pouvez le voir sur les photos (voir la vidéo), je n’aurai pas pu faire des photos aussi rapprochées.

Je trouve le 28 mm plus polyvalent quand on n’a qu’un seul boîtier avec soi, mais le 50 (43) raconte tellement de chose, cadre d’une façon si particulière que je comprends de ne partir en voyage qu’avec lui. Rien qu’à regarder certaines photos d’Henri Cartier Bresson et de Bernard Plossu (par exemple ‘Voyage en Italie’), c’est d’une telle intensité que l’on reste sans voix.

Ce que je reproche, allez faut bien être critique :
1 – toujours pas de possibilité de bloquer la fonction de passage de mode photo à mode vidéo par glissement de doigt.
2 – cela aurait été bien de prévoir une petite mémoire interne de 128 Go, mais peut-être que cet avantage restera réservé aux M ?
3 – ne pas avoir proposé à ce Q3 si ‘Cartier Bresson’ le Content Authenticity Initiative ». Protection des auteurs photographes.  Il y aura peut-être une version Q3 43-P ?

Conclusion :
Ce qui est sûr, c’est que ce Leica Q3 ’43 mm’ va devenir un incontournable de la marque !
La grande question maintenant reste à savoir si le Q3 monochrome sort un jour, sera t-il en 28, 43 ? Ou au choix, c’est-à-dire à la commande ?

Je vous l’avais dit dans ma dernière newsletter, celle de septembre, (je vous invite à y adhérer), l’année 2024-2025 sera pleine de rebondissements !

La vidéo :

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La MasterClass du Leica Q3 est donc toujours valable, plus que jamais, j’ai même rajouté une vidéo pour les utilisateurs de ‘Q3 43 mm’ !